Les planètes
Les planètes - G.Holst
Toronto: National Youth Orchestra of Canada
NYO Canada, Michael Francis (conductor)
Koji Kondo ça vous dit quelque chose ? Mario peut-être plus… Et bien figurez vous que le japonais Koji Kondo n’est autre que le compositeur des premiers thèmes 8 bits de Mario. Mr. Kondo a aussi mis en musique le lutin Link du jeu vidéo Zelda. Mario est mythique et plus complexe qu’il n’y paraît et Zelda un parfait exemple d’œuvre concertante. Mais avant d'arriver au 8 bits et aux oeuvres concertantes dans les jeux vidéos, nous allons bifurquer sur un compositeur Gustav Holst.
Mais quel est le lien avec Mario me demanderez-vous ?
Pour Mario les compositions sur les thèmes Odyssée et Galaxie sont dans la lignée des Planètes. Et puis parce que dans Mario il y a des thèmes sonores un peu partout et surtout ajustés aux mondes dans lesquels on se trouve. Il y a aussi des motifs, des petites mélodies plus courtes pour l'étoile, pour chaque personnage. Il m'a semblé donc pertinent de mettre un coup de projecteur sur Les Planètes de Gustav Holst. J'en profite aussi pour souligner l'impact de l'œuvre de Holst dans la musique de film et de jeux vidéo si on extrapole. Les Planètes est l'œuvre qui a largement inspiré les compositeurs : John Williams dans Star Wars et Hans Zimmer dans Gladiator.
Si vous n’en êtes pas convaincus, écoutez Mars et Vénus, les deux premiers mouvements des Planètes.
Les Planètes est une composition pour orchestre symphonique que Gustav Holst a écrite entre 1914 et 1916. La première en 1918 au London Concert Hall a eu beaucoup de succès et c'est ce qui a permis à Holst d'être reconnu comme compositeur. Il a composé l'œuvre également parce qu'il était passionné d'astrologie. Chaque planète a un lien avec l'astrologie mais on note également l'allusion à la mythologie romaine. Les sous-titres des mouvements assurent de l'intention de Holst. Sans rentrer trop dans les détails, voici quelques petites notes pour reconnaître ces pièces et leurs caractéristiques principales.
Mars, le porteur de guerre
Mars, la recette est un thème de marche militaire avec noire deux croches noire ou noire triolet noire, et un tempo pas trop rapide mais très très régulier. La fin avec ces accords unissons dissonants font sentir que avec Mars, pas de quartiers.
Venus, la porteuse de paix
Vénus, ce qui fait transparaître ce sentiment de paix ce sont des tenues et le chant au cor (ça c'est ce qui a inspiré le thème de princesse Leia dans Star Wars). Plus généralement le schéma un instrument solo et des nappes par les cordes ou les vents font ressentir cette paix.
Mercure, le messager ailé
Agile. Voilà le mot le plus adéquat pour qualifier Mercure. Mais attention Mercure est à prendre au sérieux. Le climax nous l'indique clairement, le thème est joué pompeux. En revanche quand Mercure se déplace, ce sont les bois et un tempo rapide enjoué, qui apportent la légèreté. Ajoutez à cela quelques notes aux cloches tubulaires pour la magie du vol, de même qu'un motif repris à tous les étages de l'orchestre. Comme ce motif rapide et plutôt aigu se faufile dans tous les pupitres de l'orchestre, on a l'impression que Mercure lui aussi se faufile un peu partout.
Jupiter, le porteur de joie et d'entrain
Jupiter, entrain, joie et fierté sont les 3 sentiments qui se dégagent à l'écoute du mouvement. Dans celui-ci il y a énormément de changement de tempo. La fierté se dégage lors de l'utilisation des cuivres et de ce thème avec des notes plus longues et tenues, et un registre medium. Sur les thèmes aux bois et flûtes les motifs sont beaucoup plus rapides, piqués et dans les registres aigus. Le xylophone vient ajouter à ce sentiment de joie et on perçoit peut-être même l'euphorie. Et puis lorsque tout l'orchestre est impliqué c'est de l'entrain. La nuance est généralement forte.
Saturne, le porteur de vieillesse
Saturne, là c'est le maître du temps. C'est le mouvement le plus lent de tous peut-être parce qu'on associe plus facilement lenteur et vieillesse. Ce cinquième mouvement se construit sur un crescendo progressif et passe du registre très grave au registre aigu sur la fin. Il y a vraiment une évolution au fil du temps sur ce mouvement. Mais surtout ce qui frappe ce sont toutes ces allusions au temps qui passe. Dès le début on démarre avec un tic tac très piano porté par les flûtes. Puis vient le carillon un peu comme un glas et une fin inéluctable. Mais le mouvement ne se termine pas là dessus il y a après ce carillon toute une partie avec des motifs sur 4 notes qui tournent en boucle, un peu comme défilent les jours immuablement. Saturne est dans la mythologie Romaine le dieu du temps (Chronos chez les Grecs). Pas étonnant qu'Holst ait choisi toutes ces allusions au temps dans ce mouvement.
Uranus, le magicien
Attention mesdames et messieurs le show va commencer. Le début de ce mouvement est un peu comme un « tadam », un peu spécial je vous l'accorde mais qui attire l'attention. Puis vient le thème en croche pointé double au basson qui fait nettement penser à l'apprenti sorcier de Paul Dukas. Holst vient donc par cette référence nous amener à l'univers du magicien. Généralement le mouvement est une alternance de rythme croche pointé double et de moment « tadam ». Les roulements de tambours/timbales clairement rappellent les moments de suspens des shows de magiciens. L'utilisations des cymbales et du rythme croche pointé double donnent même à certains moments une atmosphère de cirque. N'est-ce pas dans les cirques que l'on peut voir les numéros de magiciens ? Et enfin Holst n'oublie pas non plus de traiter lorsque le magicien flirte avec la magie noire. Ces moments sombres sont reconnaissables à la tessiture grave joués par les cuivres et par les dissonances utilisées.
Neptune, le mystique
Le début de Neptune est très feutré avec les bois. Il y a là aussi comme dans Saturne des motifs sur 4 notes répétés en boucle. Contrairement à Uranus le magicien, Holst utilise pour Neptune le xylophone et les cloches tubulaires pour nous amener dans un univers magique et féérique. Il y a également dans ce mouvement beaucoup de petits motifs avec des arpèges, des tierces, répétés un peu comme des ostinati. L'entrée du chœur de femmes fait basculer le mouvement du côté mystique et surnaturel. Il n'y a pas de paroles, juste des onomatopés et une nuance plutôt piano, les femmes chantent également sur le souffle. C'est ce qui donne l'impression de vent et de murmures dans le vent. La pièce se termine sur ce murmure mystique.