Lettre info 01

Mario

Aujourd'hui la newsletter a pour thème Mario, ce petit personnage de jeu vidéo qui évolue dans des mondes étranges, icône des années 90 mais qui a su traverser les âges et les générations.

Le Sheng

Ah le son des premières Gameboys… Sauf que sur les Gameboys c’était vraiment du son électronique programmé sur 8 bits donc avec peu d’information harmonique!! Dans la vidéo, bien que le thème de Mario lui aille à la perfection le Sheng est un instrument chinois qui date de deux millénaires. Ce dernier est utilisé dans la musique traditionnelle en Chine mais aussi beaucoup au Japon. Le Sheng est indispensable au Gagaku, la musique de cour japonaise, qui peut être profane ou religieuse et comporte chants et danses. L’instrument de la vidéo, le Sheng donc, est un orgue à bouche de la famille des instruments à anches libres. Cette famille regroupe l’orgue (des églises), l’accordéon, le bandonéon, le concertina et l’harmonica pour n’en citer que quelques uns. Leur particularité ? Des anches qui se mettent à vibrer librement au passage de l’air. Pour l’accordéon par exemple c’est l’ouverture et la fermeture du soufflet qui fait vibrer les anches. Dans le cas du Sheng, l’air provient de l’instrumentiste, de celui qui souffle dans le bazar si vous préférez. Le Sheng que vous voyez ici est à anche double comme le hautbois et le basson. La vibration de l’anche double à l’embouchure puis la vibration des anches libres dans l’instrument lui permettent de faire ces sons si particuliers et de rivaliser avec la musique de synthèse. Côté fabrication, l’instrument se compose de 17 tuyaux en bambou et d’une calebasse. Les clés et trous permettent de laisser passer l’air dans les anches libres lorsqu’ils sont bouchés. En fonction de ce qu’on bouche donc, on obtient différentes notes. Au final quand on y pense jouer du Sheng c’est un peu comme jouer à Mario, de la dextérité et cling cling on parvient à attraper la pièce ou la note. Ca donnerait bien envie de jouer ce pti thème non ?! Allez ami musicien, un petit thème Mario à ton répertoire ça se fait !! Et si tu le postes sur les réseaux sociaux n’hésite pas à partager ici[1] aussi.

Becs

La clarinette playmobil de Becs

Dans mes tribulations musicales, j’ai eu la chance de pouvoir jouer dans des grands ensembles de clarinettes. L’anecdote que je vais raconter, vous l’avez deviné, est une expérience en ensemble de clarinettes. 40 à jouer, ça commence à en faire des binious ! Notre groupe a aussi pu rencontrer un compositeur, Michel Mandel. La rencontre a eu lieu lors de notre première répétition à 40. Michel nous a présenté la pièce « Becs ». Cela fait bien des années et vous me pardonnerez pour les détails que j’ai oubliés. Je ne me souviens pas exactement de tout le pourquoi de la composition de la pièce mais l’un des objectifs était de voir les effets que l’on pouvait utiliser avec la clarinette,… sans souffler ! Et on se pose alors la question comment sonneraient les effets si non pas une mais 40 clarinettes les faisaient. L’idée étant exposée, il nous a alors fait la démonstration de comment faire des percussions avec la clarinette. Rien qu’en appuyant sur les clés selon la clé qui est utilisée le son percussif donne une hauteur suffisamment éloignée pour les différencier à l’oreille. Lorsqu’une seule clarinette le fait on entend pas beaucoup mais à 40 l’effet est là et ça envoie ! La percu clarinettiste n’est pas la chose la plus surprenante qu’il nous ait montrée. Après cette introduction, le voilà qui démonte sa clarinette et monte le bec sur le corps du bas avec le pavillon. Voilà une clarinette playmobil ! J’avoue c’est moi qui l’ai baptisé la clarinette playmobil. C’est une mini clarinette, et en jouant… on a un son amusant. Qu’on se le dise on ne peut pas rivaliser avec le Sheng mais c’est à la fois surprenant et très drôle de jouer de cette clarinette playmobil !! En concert aussi c’est loufoque de voir tous ces minis instruments jouer ensemble. Amis clarinettistes, essayez donc et postez vos impressions et les essais en vidéo ici[2] !

Chiptune

Dans ce post un peu plus scientifique (ou pas), nous allons voir les dessous de la musique de Mario. Les premier jeux arcades n’avaient pas de bande son. Puis est apparue la musique « 8 bits » ou « Chiptune ». C’est une musique basée sur une puce, un générateur de son programmable (Programmable Sound Generator (PSG) en anglais). C’est aussi le principal moyen de produire une bande originale interactive sur un ordinateur dans les années 80 et jusque dans les années 90. Le son caractéristique ou timbre, vient de l’onde sonore générée par cette puce. Seulement 3 types d’onde pouvaient être générés :

Les ondes chiptune

Lorsqu’on souffle dans une clarinette ou qu’on joue d’un instrument acoustique, là aussi une onde sonore va se propager. Cette onde sonore est caractéristique de chaque instrument. C’est ce que l’on appelle le timbre. Le timbre est donc ce qui permet de différencier les instruments à l’oreille. Au niveau acoustique, c’est une onde sonore avec non plus une onde carrée, triangle ou dents de scie mais une superposition d’ondes sinusoïdales. En image ça donne ceci:

Superposition d'onde sinusoïdales - exemple de l'onde de harpe et de l'onde de clarinette

Onde de HarpeOnde de clarinette

C’est la possibilité de « coller » à l’onde de l’instrument acoustique qui fait la différence entre un son acoustique et un son électronique. Mais pour pouvoir coller à l’instrument il faut pouvoir enregistrer/émettre toutes les sinusoïdes, et toutes les sinusoïdes fidèles et exactes. Le défi est là. Aujourd’hui les techniques d’enregistrement d’instruments acoustiques ainsi que l’amélioration des performances des puces électroniques permettent de recréer des sons beaucoup plus fidèle aux instruments que l’on connaît. D’abord parce que d’une onde carré on a pu passer à une onde sinusoïdale et ensuite parce qu’ils captent et sont capables d’émettre de plus en plus de sinusoïdes. La musique électronique peut également créer de nouvelles sonorités complètement électroniques basées au départ sur nos ondes carrées, triangles et dents de scie. C’est le vaste monde de la MAO, Musique Assistée par Ordinateur, des synthétiseurs, et c’est ce qui a rendu les daft punk célèbres. Pour Mario les choses ont bien évolué aussi et sur la bande son des plus récents, les sons acoustiques sont au rendez-vous.

Si le sujet vous a passionné ou rendu nostalgiques et que vous voulez mettre la main à la pâte, allez jeter un coup d’œil du côté des « Chiptune App » ou des « trackers ». Et si vous voulez en savoir plus sur l’acoustique je vous recommande un tour sur le blog mamie-note. Et comme d’hab si vous voulez poster sur les réseaux pensez aussi au forum ici[3].

Les planètes

Informations

Koji Kondo ça vous dit quelque chose ? Mario peut-être plus… Et bien figurez vous que le japonais Koji Kondo n’est autre que le compositeur des premiers thèmes 8 bits de Mario. Mr. Kondo a aussi mis en musique le lutin Link du jeu vidéo Zelda. Mario est mythique et plus complexe qu’il n’y paraît et Zelda un parfait exemple d’œuvre concertante. Mais avant d'arriver au 8 bits et aux oeuvres concertantes dans les jeux vidéos, nous allons bifurquer sur un compositeur Gustav Holst.

Mais quel est le lien avec Mario me demanderez-vous ?

Pour Mario les compositions sur les thèmes Odyssée et Galaxie sont dans la lignée des Planètes. Et puis parce que dans Mario il y a des thèmes sonores un peu partout et surtout ajustés aux mondes dans lesquels on se trouve. Il y a aussi des motifs, des petites mélodies plus courtes pour l'étoile, pour chaque personnage. Il m'a semblé donc pertinent de mettre un coup de projecteur sur Les Planètes de Gustav Holst. J'en profite aussi pour souligner l'impact de l'œuvre de Holst dans la musique de film et de jeux vidéo si on extrapole. Les Planètes est l'œuvre qui a largement inspiré les compositeurs : John Williams dans Star Wars et Hans Zimmer dans Gladiator.

Si vous n’en êtes pas convaincus, écoutez Mars et Vénus, les deux premiers mouvements des Planètes.

Les Planètes est une composition pour orchestre symphonique que Gustav Holst a écrite entre 1914 et 1916. La première en 1918 au London Concert Hall a eu beaucoup de succès et c'est ce qui a permis à Holst d'être reconnu comme compositeur. Il a composé l'œuvre également parce qu'il était passionné d'astrologie. Chaque planète a un lien avec l'astrologie mais on note également l'allusion à la mythologie romaine. Les sous-titres des mouvements assurent de l'intention de Holst. Sans rentrer trop dans les détails, voici quelques petites notes pour reconnaître ces pièces et leurs caractéristiques principales.

Mars, le porteur de guerre

Mars, la recette est un thème de marche militaire avec noire deux croches noire ou noire triolet noire, et un tempo pas trop rapide mais très très régulier. La fin avec ces accords unissons dissonants font sentir que avec Mars, pas de quartiers.

Venus, la porteuse de paix

Vénus, ce qui fait transparaître ce sentiment de paix ce sont des tenues et le chant au cor (ça c'est ce qui a inspiré le thème de princesse Leia dans Star Wars). Plus généralement le schéma un instrument solo et des nappes par les cordes ou les vents font ressentir cette paix.

Mercure, le messager ailé

Agile. Voilà le mot le plus adéquat pour qualifier Mercure. Mais attention Mercure est à prendre au sérieux. Le climax nous l'indique clairement, le thème est joué pompeux. En revanche quand Mercure se déplace, ce sont les bois et un tempo rapide enjoué, qui apportent la légèreté. Ajoutez à cela quelques notes aux cloches tubulaires pour la magie du vol, de même qu'un motif repris à tous les étages de l'orchestre. Comme ce motif rapide et plutôt aigu se faufile dans tous les pupitres de l'orchestre, on a l'impression que Mercure lui aussi se faufile un peu partout.

Jupiter, le porteur de joie et d'entrain

Jupiter, entrain, joie et fierté sont les 3 sentiments qui se dégagent à l'écoute du mouvement. Dans celui-ci il y a énormément de changement de tempo. La fierté se dégage lors de l'utilisation des cuivres et de ce thème avec des notes plus longues et tenues, et un registre medium. Sur les thèmes aux bois et flûtes les motifs sont beaucoup plus rapides, piqués et dans les registres aigus. Le xylophone vient ajouter à ce sentiment de joie et on perçoit peut-être même l'euphorie. Et puis lorsque tout l'orchestre est impliqué c'est de l'entrain. La nuance est généralement forte.

Saturne, le porteur de vieillesse

Saturne, là c'est le maître du temps. C'est le mouvement le plus lent de tous peut-être parce qu'on associe plus facilement lenteur et vieillesse. Ce cinquième mouvement se construit sur un crescendo progressif et passe du registre très grave au registre aigu sur la fin. Il y a vraiment une évolution au fil du temps sur ce mouvement. Mais surtout ce qui frappe ce sont toutes ces allusions au temps qui passe. Dès le début on démarre avec un tic tac très piano porté par les flûtes. Puis vient le carillon un peu comme un glas et une fin inéluctable. Mais le mouvement ne se termine pas là dessus il y a après ce carillon toute une partie avec des motifs sur 4 notes qui tournent en boucle, un peu comme défilent les jours immuablement. Saturne est dans la mythologie Romaine le dieu du temps (Chronos chez les Grecs). Pas étonnant qu'Holst ait choisi toutes ces allusions au temps dans ce mouvement.

Uranus, le magicien

Attention mesdames et messieurs le show va commencer. Le début de ce mouvement est un peu comme un « tadam », un peu spécial je vous l'accorde mais qui attire l'attention. Puis vient le thème en croche pointé double au basson qui fait nettement penser à l'apprenti sorcier de Paul Dukas. Holst vient donc par cette référence nous amener à l'univers du magicien. Généralement le mouvement est une alternance de rythme croche pointé double et de moment « tadam ». Les roulements de tambours/timbales clairement rappellent les moments de suspens des shows de magiciens. L'utilisations des cymbales et du rythme croche pointé double donnent même à certains moments une atmosphère de cirque. N'est-ce pas dans les cirques que l'on peut voir les numéros de magiciens ? Et enfin Holst n'oublie pas non plus de traiter lorsque le magicien flirte avec la magie noire. Ces moments sombres sont reconnaissables à la tessiture grave joués par les cuivres et par les dissonances utilisées.

Neptune, le mystique

Le début de Neptune est très feutré avec les bois. Il y a là aussi comme dans Saturne des motifs sur 4 notes répétés en boucle. Contrairement à Uranus le magicien, Holst utilise pour Neptune le xylophone et les cloches tubulaires pour nous amener dans un univers magique et féérique. Il y a également dans ce mouvement beaucoup de petits motifs avec des arpèges, des tierces, répétés un peu comme des ostinati. L'entrée du chœur de femmes fait basculer le mouvement du côté mystique et surnaturel. Il n'y a pas de paroles, juste des onomatopés et une nuance plutôt piano, les femmes chantent également sur le souffle. C'est ce qui donne l'impression de vent et de murmures dans le vent. La pièce se termine sur ce murmure mystique.

Voilà pour les Planètes, Gustav Holst et Mario. Et si vous voulez échanger sur cette oeuvre il y a toujours le forum ici[4]. Bonne écoute.

Musée Mario

En parlant de Mario, on ne peut pas faire le pont des arts sur autre chose que sur l’art digital. https://mario.ign.com/ est un musée interactif sur l’histoire de Mario. Il est en anglais mais les interactions avec l’utilisateur ne nécessite pas de parler la langue de Shakespeare. La flèche du bas et la flèche du haut du clavier permettent de naviguer entre les différentes scènes. Une excellente rétrospective sur l’évolution graphique du digital mais aussi sur la musique de synthèse. Vous aurez sûrement un élan de nostalgie si vous avez joué sur gameboy ou dans les arcades. Si vous n’avez pas connu, vous comprendrez pourquoi les premiers concepteurs de jeux vidéos étaient des pionniers. Un peu comme les premières Chiptune. Venez aussi partager vos expériences de Mario sur le forum de la newsletter ici[5].